Du labeur au plaisir

Les moines du Moyen-Age ont largement contribué aux connaissances actuelles de la phytothérapie. Leurs savoirs nous sont également parvenus par le biais de leurs recettes de cuisine. A l’époque, ils savaient déjà que les médicaments les plus efficaces sont ceux qu’on avale avec plaisir.

Un parfait exemple en sont les épices qui ont un parfum enivrant. D’ailleurs, leurs huiles essentielles ont souvent des vertus curatives, mais leur culture n’est parfois pas chose aisée. C’est notamment le cas de la vanille.

La vanille est une orchidée qui vit en symbiose avec la nature. Plante complexe, elle nécessite un respect de certaines étapes de son cycle biologique pour offrir le meilleur arôme possible.

A la Réunion, la récolte s’effectue à partir du mois de juillet. Dans un souci de qualité, les gousses vont rester vertes sur la plante pendant un minimum de 9 mois.

La fleur de vanille a la caractéristique d’être hermaphrodite, c’est-à-dire qu’elle contient à la fois les sexes mâle et femelle. Cependant, une intervention extérieure est nécessaire pour permettre le contact physique entre ces deux sexes qui sont séparés par une fine membrane.

Les insectes peuvent effectuer cette intervention en butinant la fleur, mais cela reste évidemment aléatoire et non productif. Une intervention manuelle est donc requise. Une fleur ne s’ouvre que quelques heures avant de mourir et donnera une seule et unique gousse. Le travail du producteur consiste donc à faire de 1000 à 1500 fleurs par jour, manuellement !

S’en suit une période de préparation de la vanille qui durera plus d’une année avec, pour 1000 gousses, 3000 à 4000 manipulations manuelles.

Il faut donc un travail conséquent avant que la vanille puisse délivrer son arôme délicate pour le plaisir de tous, ce qui peut d’ailleurs expliquer le prix élevé de la vanille comparé à d’autres épices.

La vanille : un aphrodisiaque

Dans toutes les civilisations, la réponse à la question de la libido a toujours été cherchée dans les épices, qui suscitent des réactions organiques allant de la bonne humeur à la pulsion sexuelle.

Et cela a été scientifiquement prouvé.

Des chercheurs ont extrait les principes actifs des plantes et effectué des études cliniques pour découvrir s’ils ont une action mesurable sur l’organisme. Un questionnaire a permis d’évaluer le désir amoureux des volontaires. De fait, dans l’une des études, une grande partie d’entre eux signalent une légère augmentation de leur désir sexuel.

Quant à la vanille, elle agit sur les nerfs olfactifs en liaison directe avec l’hypothalamus, une partie du cerveau qui commande notamment les pulsions sexuelles. L’hypothalamus produit de la dopamine, le neurotransmetteur du bien-être, de la récompense. Sa stimulation entraine la sécrétion de dopamine qui induit à son tour une sensation de plaisir.

Mais il est à noter que les vertus des épices et de la vanille ont un effet limité en matières d’effets aphrodisiaques, l’état d’esprit restant primordial pour atteindre le but escompté. Quand on mange une glace à la vanille en se promenant dans la rue, ce n’est certainement pas pour faire grimper en flèche la libido. Pour séduire, mieux vaut donc miser sur l’ambiance et l’humeur propice qui agissent directement sur le centre du plaisir situé dans le cerveau.

Les épices seules ne font pas grand-chose mais peuvent agrémenter un bon repas, du petit plus décisif.

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